L’onde de choc qui a accompagné le forum TICAD Japon-Afrique en Tunisie, avec l’accueil par le président Kaïs Saïed, du chef des séparatistes du polisario a, au-delà de la déstabilisation des lignes traditionnelles au Maghreb sur la question du Sahara, fait exploser aussi les rangs arabes et africains.
L’accueil en grande pompe de Brahim Ghali et le cérémonial qui l’a accompagné, trahissent une mise en scène préparée à l’avance par Kaïs Saïed, sous la pression du général Chengriha, malgré le désaccord du président Abdelmadjid Tebboune, de ses conseillers et de certains officiers algériens concernant le polisario.
Contesté à l’intérieur après son coup d’État constitutionnel, qui a mené à la dissolution du Parlement et paralysé le pouvoir judiciaire, le président Saïed cherche le salut dans le giron des généraux algériens, mais en faisant perdre à la Tunisie une posture diplomatique qui forçait le respect.
Aucun des prédécesseurs de Kaïs Saïed n’a commis une erreur délibérée aussi lourde de conséquences sur les relations avec le Maroc. Ni Bourguiba, ni Benali et encore moins Merzouki ou Caïd Essebssi n’ont cédé aux pressions de l’Algérie ou de Kadhafi, afin de préserver la neutralité positive de la Tunisie et ses intérêts régionaux.
Grâce à l’embellie des cours du pétrole et du gaz, la junte algérienne est devenue particulièrement généreuse avec le président tunisien, qui a déjà reçu 300 millions de dollars à titre d’avance.
Le pouvoir militaire algérien, ébranlé par la décision de l’Espagne et de plusieurs autres pays, considérant l’initiative marocaine d’autonomie comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend sur le Sahara, se tourne vers un président tunisien fragilisé à l’intérieur pour continuer le travail de sape et de fissure dans la région du Maghreb, de l’Europe, du monde arabe et de l’Afrique.
De la sorte, Kaïs Saïed s’inscrit parfaitement dans l’agenda de la junte militaire algérienne, liée à l’Iran et à son bras armé, le Hezbollah.
En Algérie même, la répression continue de plus belle. Plusieurs militaires, des activistes de la société civile et du Hirak ont été arrêtés dernièrement sous divers prétextes.
Dans les rangs de l’armée, la purge continue, avec le limogeage et l’incarcération du général-major Sid Ali Ould Zemerli, patron de la Direction Centrale de la Sécurité de l’Armée (DCSA), le mercredi 31 août à Alger, par des éléments du Centre Principal des Opérations (CPO) de Ben Aknoun, dans la caserne Antar. Le colonel Hocine Hamid, alias Hocine Boulahya, l’ex-numéro 2 de la DDSE, le renseignement extérieur algérien, a également été placé en garde-à-vue dans la même caserne. Ils sont accusés de complot contre la sécurité nationale.