Le nouveau décret-loi électoral en Tunisie, promulgué par le président tunisien Kaïs Saïed, en prévision des prochaines législatives, a provoqué une vive polémique parmi la classe politique, qui critique une législation marginalisant le rôle des partis politiques et au détriment de la liberté de candidature.
Basée sur le vote individuel et le redécoupage des circonscriptions électorales, cette nouvelle loi électorale controversée « balise la voie » au système de « gouvernance par la base » défendu par le président tunisien, qui détient depuis le 25 juillet 2021 les pleins pouvoirs, après avoir décrété une salve de mesures exceptionnelles, dont notamment, la dissolution du parlement.
Le président du Front de salut national, Ahmed Néjib Chebbi, a réitéré le « rejet catégorique » de sa formation du décret-loi portant amendement de la loi électorale, précisant qu' »il s’agit d’une loi autoritaire qui impose des conditions insurmontables aux candidats qui veulent se présenter aux législatives ».
D’autres partis se sont joints à cette position, à l’instar du Parti travailliste, du Parti républicain, du Courant démocratique, d’al-Qotb et d’Ettakatol, qui dénoncent un texte élaboré sans concertation, en prolongement de la démarche unilatérale amorcée par le Président tunisien depuis l’instauration des mesures exceptionnelles.
Selon le secrétaire général du Parti républicain, Issam Chebbi, le décret-loi électoral promulgué par Saïed n’est autre qu' »un prolongement du processus amorcé par le Président depuis qu’il a décrété les mesures exceptionnelles et s’est emparé de la vie politique ».
Par ailleurs, la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples a appelé jeudi, l’Etat tunisien à mettre en place une Cour constitutionnelle et à regagner la voie de la démocratie, dans un délai ne dépassant pas les deux ans de la date du prononcé de ce jugement.
La décision concerne une requête formulée contre la République tunisienne par l’avocat Brahim Belghith en octobre 2021.
« La Cour africaine somme l’Etat tunisien de préparer un rapport dans un délai de six mois sur la mise en œuvre des mesures ordonnées et par la suite, tous les six mois jusqu’à ce que la cour considère toutes ses décisions entièrement exécutées », selon le texte de la décision de la Cour, publié jeudi sur son site officiel.