La perspective d’une intervention militaire de la CEDEAO au Mali se précise progressivement, même s’il lui faut encore des semaines, voire des mois avant de prendre forme. Théoriquement, il ne reste plus que l’aval de l’ONU pour lancer l’opération, mais sur le terrain cependant, confusion au sommet de l’Etat et divisions au sein de l’armée menacent de faire avorter les efforts entrepris.
Officiellement, le Mali est dirigé par le président intérimaire Dioncounda Traoré, épaulé par un gouvernement de transition. C’est d’ailleurs le président qui a officiellement sollicité l’aide de la CEDEAO. Mais son pouvoir est si fragilisé et sa crédibilité très fréquemment remise en question. Le capitaine Sanogo, à la tête des militaires auteurs du putsch de mars dernier contre le président Amadou Toumani Touré, est encore très présent dans le paysage politique. L’imbroglio perturbant les prises de décisions à la tête de l’Etat s’est parfaitement illustré dans la sollicitation de la CEDEAO, qui a pris des mois avant d’être formulée. Et tous les obstacles ne sont pas encore levés. Les militaires s’estiment seuls à même de résoudre la crise et continuent à s’opposer au déploiement des 3000 soldats de la CEDEAO malgré la décision présidentielle.
Mais l’armée elle-même est également minée par les divisions. La plus béante est celle qui oppose les hommes du capitaine Sanogo aux Bérets rouges. Ces commandos parachutistes s’étaient associés aux membres de l’ex-Garde présidentielle d’Amadou Toumani Touré dans un « contre coup d’État » le 30 avril dirigé contre les militaires putschistes. L’opération avait raté, provoquant une mise à sac par les militaires alors au pouvoir du camp des commandos parachutistes. Le camp de Djicoroni, à Bamako, abriterait encore plus de 500 de ces paras. Ils n’ont plus eu de salaires depuis trois mois et une trentaine sont toujours détenus par l’ex-junte.