Le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno a gracié lundi 259 des 262 manifestants condamnés à de la prison ferme après une manifestation contre le pouvoir réprimée dans le sang en octobre, trois jours après un autre décret pour 380 rebelles condamnés à la prison à vie.
« C’est un geste de pardon pour permettre à tous les fils et filles du Tchad de bâtir leur pays sur des nouvelles bases », a déclaré le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Aziz Mahamat Saleh.
« Ces personnes vont retrouver leur liberté, leur famille et reprendre le cours de leur vie », s’est réjoui le coordinateur du collectif de leurs avocats, Frédéric Dainonet, qui voit dans cette initiative une volonté du gouvernement « d’apaiser les tensions ».
Selon le gouvernement, 621 personnes avaient été arrêtées lors de la manifestation dans la capitale, puis acheminées à Koro Toro, une prison de haute sécurité en plein désert à 600 km au nord de N’Djamena, où elles avaient ensuite été jugées dans un procès de masse, sans avocats, ni médias indépendants, après un mois et demi de détention.
Les autorités avaient d’abord annoncé qu’une cinquantaine de personnes avaient péri lors de ce « Jeudi noir », essentiellement des jeunes tués par balles dans la capitale par les forces de l’ordre, avant de réévaluer ce bilan à 73 morts. Des ONG avaient cependant dénoncé des chiffres sous-évalués.
Samedi, un groupe de 380 rebelles du Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (FACT), condamnés à la prison à vie pour leur implication dans la mort de l’ancien président Idriss Déby Itno, a bénéficié d’une même décision du chef de l’Etat.
Ils avaient également été reconnus coupables d' »acte de terrorisme, mercenariat, et atteinte à la sécurité du territoire national ».
Le chef du FACT, Mahamat Mahdi Ali, et 55 membres de l’organisation condamnés par contumace à la prison à vie ne sont pas concernés par cette mesure, a précisé un communiqué de la présidence.
Le procureur général de N’Djamena Mahamat El-Hadj Abba Nana avait affirmé que « plus de 400 personnes ont été condamnées » à la prison à vie pour « acte de terrorisme, mercenariat, enrôlement d’enfants dans l’armée et atteinte à la vie du chef de l’Etat ».
Il a ajouté que « 24 personnes ont été acquittées » à l’issue de ce procès qui s’était ouvert il y a plus d’un mois.