Le président de transition du Tchad, Mahamat Idriss Déby Itno, a accordé une nouvelle grâce présidentielle à cent-dix autres personnes condamnées en mai pour leur participation à des manifestations réprimées violemment en octobre dans différentes villes du pays.
Le 20 octobre 2022, des manifestants avaient défilé suite à un appel d’une partie de l’opposition à N’Djamena, la capitale, ainsi que dans d’autres villes, pour protester contre la prolongation du mandat du président de transition, Mahamat Déby, pour deux années supplémentaires.
Mahamat Déby avait été proclamé chef de l’État par l’armée le 21 avril 2021, à la tête d’une junte militaire composée de 15 généraux, suite au décès de son père, Idriss Déby Itno, tué sur le front par des rebelles après avoir gouverné le Tchad d’une main de fer pendant 30 ans.
Selon le décret signé par le président de transition M. Déby, les personnes jugées et condamnées pour des faits d’attroupement non-autorisé, de coups et blessures volontaires, d’incendie volontaire et de destruction de biens consécutifs aux événements du 20 octobre bénéficient de la grâce présidentielle.
En octobre dernier, plus de 600 jeunes, dont au moins 80 mineurs, avaient été arrêtés à N’Djamena et envoyés dans une prison située en plein désert, à Koro Toro, à plus de 600 km de là. Après des mois de détention, sans avocats ni journalistes indépendants présents, ils avaient été jugés.
Plus de la moitié avaient été condamnés à des peines de prison ferme, tandis que d’autres avaient reçu des peines avec sursis ou avaient été relaxés. Des ONG locales et internationales avaient déclaré que des dizaines, voire des centaines, de personnes avaient été torturées ou exécutées lors du transport des prisonniers vers Koro Toro, une affirmation démentie par les autorités.
Les 110 personnes graciées avaient été jugées et condamnées à des peines allant de 18 mois à 5 ans de prison ferme à Koro Toro, N’Djamena et Moundou, la deuxième ville du pays, selon Mahamat El-Hadj Abba Nana, procureur général de la cour d’appel de N’Djamena.
En moins de quatre mois, les autorités ont gracié un total de 436 personnes condamnées pour leur participation aux manifestations du 20 octobre 2022. Fin mars, 259 manifestants condamnés à des peines de prison ferme avaient déjà bénéficié de la même mesure, suivis d’une deuxième vague de 67 personnes le 24 mai.