Le coup d’État survenu au Gabon mercredi va engendrer des remous au sein des intérêts économiques français dans ce pays.
« Au nombre d’environ 80, on retrouve les entreprises françaises bien connues », déclare Étienne Giros, président du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN), un organisme dédié à la promotion des investissements français sur le continent.
« Il faut également ajouter des PME, des artisans, des restaurants, des cabinets d’avocats, des assureurs, des services financiers… dont le nombre se compte par dizaines », ajoute-t-il.
Parmi les plus grandes entreprises françaises présentes sur place, le géant minier Eramet qui a initialement interrompu ses activités d’extraction et de transport ferroviaire. Toutefois, l’entreprise a rapidement annoncé la reprise du transport ferroviaire dès mercredi soir, ainsi que celle de la production de manganèse jeudi. En revanche, le transport de passagers demeure en suspens.
Opérant via deux filiales, Comilog (Compagnie minière de l’Ogooué) dans l’extraction de manganèse, et Setrag (Société d’exploitation du transgabonais) dans l’exploitation ferroviaire, le groupe français emploie près de 8 700 individus au Gabon, majoritairement des Gabonais.
Le Gabon est le deuxième plus grand producteur mondial de manganèse, selon Coface, une société spécialisée dans la gestion des risques. Ce métal est crucial dans la production d’acier et de batteries.
Comilog extrait la majeure partie du manganèse du sous-sol gabonais, totalisant 7,5 millions de tonnes en 2022, tandis que le reste est pris en charge par la société chinoise CICMHZ (Compagnie industrielle des mines de Hangzhou) et Nouvelle Gabon Mining (NGM), une filiale du groupe indien Coalsale Group.
La grande société pétrolière française TotalEnergies est également présente depuis 1928 dans ce pays qui se classe quatrième en termes de production de pétrole en Afrique subsaharienne. Le Gabon est membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) depuis 2016, après avoir initialement quitté l’organisation en 1996.
TotalEnergies gère sept sites au Gabon et possède deux filiales dans le pays : TotalEnergies EP Gabon et TotalEnergies Marketing Gabon (marketing et services). L’entreprise joue également un rôle essentiel dans la distribution de produits pétroliers, avec 45 stations, une présence modeste à l’échelle du continent.
En outre, l’entreprise a investi l’année dernière dans la Compagnie des Bois du Gabon (CBG), détenant 49% des parts pour promouvoir une gestion forestière durable.
Dans le secteur des hydrocarbures, le producteur Maurel & Prom indique que la situation actuelle n’a « pas d’impact » sur ses sites d’activité, où la production se poursuit normalement. Le groupe a récemment annoncé le rachat de l’entreprise pétrolière Assala Energy, active au Gabon, pour 730 millions de dollars.
De plus, l’année dernière, le Gabon est devenu le principal partenaire des exportations françaises au sein de la Communauté des États d’Afrique centrale (CEMAC), qui inclut notamment le Cameroun et le Tchad, avec un total de 536 millions d’euros, selon les données du ministère de l’Économie.
Les principaux secteurs d’exportation concernaient les produits agricoles, les industries agroalimentaires, les biens d’équipement tels que les équipements mécaniques, le matériel électrique, l’électronique, l’informatique, les biens intermédiaires et les produits pharmaceutiques.