L’ONG HRW considère les frappes de drones contre des civils au Burkina Faso comme des crimes de guerre apparents

L’ONG Human Rights Watch (HRW) dénonce, dans un rapport publié ce jeudi 25 janvier, trois frappes de drones militaires du Burkina Faso qui ont tué au moins 60 civils et en ont blessé des dizaines d’autres au Burkina et au Mali entre août et novembre 2023, réclamant une enquête impartiale sur «ces crimes de guerre apparents» et la traduction des responsables en justice.

Les frappes ont touché le marché hebdomadaire du jeudi à Bouro (région du Sahel) en août, un enterrement auquel assistaient de nombreuses personnes en septembre, et un marché bondé de l’autre côté de la frontière, au Mali, près de la ville de Boulkessi.

Mais le gouvernement a toujours mis en avant des opérations militaires visant des groupes armés islamistes, et se félicitant parfois des «succès» enregistrés.

Pour l’organisation de défense des droits de l’homme, qui a mené des entretiens par téléphone et/ou sur place avec des témoins de ces frappes et 7 membres d’ONG nationales et internationales, les frappes de drones ont violé les lois de la guerre qui interdisent les attaques ne faisant pas de distinction entre civils et cibles militaires, et constituent des crimes de guerre apparents.

«L’armée burkinabè a utilisé l’une des armes les plus précises de son arsenal pour attaquer de larges groupes de personnes, causant de nombreuses pertes en vies civiles en violation des lois de la guerre» déclare Ilaria Allegrozzi, chercheuse principale sur le Sahel à HRW, ajoutant que «le gouvernement burkinabè devrait enquêter de toute urgence et de manière impartiale sur ces crimes de guerre apparents, demander des comptes aux responsables et fournir un soutien adéquat aux victimes et à leurs familles».

Elle souligne aussi que «les gouvernements qui transfèrent au Burkina Faso des armes que l’armée utilise avec un mépris flagrant pour la vie des civils prennent le risque de se rendre complices de crimes de guerre».

Les forces du Burkina Faso luttent contre l’insurrection du GSIM et de l’État islamique dans le Grand Sahara, qui contrôlent de larges pans du territoire et ont attaqué des civils et des forces de sécurité.