Le rapprochement récent entre la Tunisie et l’Iran, symbolisé par la rencontre du ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Mohamed Ali Nafti, avec Ibrahim Azizi, président de la commission de la sécurité nationale et de la politique étrangère du parlement iranien, suscite des préoccupations majeures selon les experts occidentaux.
En renforçant ses liens avec l’Iran, la Tunisie prend des risques considérables en matière de sécurité nationale et de relations diplomatiques internationales. Ce rapprochement pourrait affecter ses relations avec ses alliés occidentaux et ses voisins arabes, qui perçoivent l’Iran comme une menace pour la stabilité régionale.
Ce tournant intervient dans un contexte particulier, où la Tunisie, sous la présidence de Kaïs Saïed, s’est éloignée de la voie démocratique pour évoluer vers un régime autoritaire. Depuis la dissolution du Parlement en 2021 et la concentration du pouvoir entre ses mains, Saïed a instauré une gouvernance de plus en plus répressive, limitant les libertés politiques et les droits fondamentaux. Ce contrôle absolu du pouvoir, combiné à un rapprochement avec un régime iranien répressif, représente une menace directe pour la démocratie tunisienne, déjà fragilisée après la révolution de 2011.
Une autre dimension inquiétante de cette dynamique est l’influence grandissante du régime algérien sur la présidence tunisienne. Sous l’impulsion du pouvoir militaire algérien, ce dernier exerce une forme de domination sur les affaires tunisiennes, notamment en ce qui concerne la politique étrangère et la sécurité. Cette influence se traduit par un alignement de plus en plus marqué de la Tunisie avec les priorités idéologiques et stratégiques de l’Algérie, qui, à son tour, a renforcé ses relations avec l’Iran ces dernières années.
L’alignement avec un pays sous sanctions internationales, soutenant des groupes terroristes, pourrait entraîner la perte de partenariats économiques et politiques avec des pays occidentaux et arabes modérés.
En outre, les promesses de coopération économique, culturelle et universitaire avec l’Iran, mises en avant lors de la visite de la délégation iranienne, semblent déconnectées des véritables besoins de la Tunisie, qui fait face à une crise économique profonde et à une instabilité politique interne. L’Iran, bien qu’il soit sous sanctions, ne peut offrir que des solutions limitées, potentiellement dangereuses pour l’avenir de la Tunisie.
Il est également crucial de souligner que l’Iran est un acteur international controversé, largement impliqué dans le soutien de groupes terroristes à travers le monde. Son appui aux milices islamistes telles que le Hezbollah libanais, le Hamas, les Houthis au Yémen, ainsi qu’à d’autres factions en Syrie et en Irak, fait de lui un acteur déstabilisateur au Moyen-Orient et au-delà. Les liens avec des organisations terroristes telles qu’Al-Qaïda et l’Etat islamique viennent aggraver la situation.
Face à cette dynamique, la Tunisie se trouve à un carrefour. Le choix de renforcer ses liens avec l’Iran pourrait l’isoler davantage sur la scène internationale et accentuer les tensions internes, au moment même où le pays cherche à surmonter sa crise économique et à stabiliser son régime politique.