Burkina Faso : Le modèle de Bèma Silmimossi au cœur d’une étude sur la cohésion sociale

Dans une région marquée par des tensions communautaires récurrentes, l’espoir renaît à travers une initiative conjointe de l’Institut sahélien pour l’éducation et la paix (ISEP) et de l’Association monde rural (AMR). Ces deux structures ont lancé à Gourcy une étude inédite sur les mécanismes de cohésion sociale dans les villages multiculturels du Nord du Burkina Faso.

Ce projet s’inspire directement de l’expérience réussie du village de Bèma Silmimossi, dans la province du Yatenga. Après près de vingt ans de crise autour de la chefferie traditionnelle, la localité a su trouver un consensus, mettant fin au bicéphalisme qui menaçait son unité. Cette réconciliation locale, devenue un exemple national, est désormais au cœur d’un processus de recherche et de capitalisation.

Le lancement de l’étude a été présidé par Anatole Pendwendé Kaboré, secrétaire général de la province du Zondoma. Dans son discours, il a salué une initiative « porteuse de paix et d’espoir », dont les résultats sont appelés à inspirer l’ensemble du pays.

Parrain de la cérémonie, le Naaba Tigré de Bèma Silmimossi est revenu sur le long chemin qui a permis à son village de sortir de la crise. Il a notamment souligné l’importance du dialogue communautaire et de la codification des règles de succession, désormais adoptées pour prévenir tout conflit futur lié à la chefferie.

Pour le Pr Souleymane Barry, coordonnateur de l’ISEP et originaire de Bèma, cette initiative vise à mettre en lumière les « mécanismes endogènes du vivre-ensemble » présents dans les communautés. L’objectif : les documenter et les intégrer dans les stratégies nationales de promotion de la paix.

Même son de cloche du côté de l’AMR. Son coordonnateur national, Amadou Wangré, a insisté sur la nécessité « d’interroger les différentes cultures locales pour en tirer les ressorts de la cohésion sociale ». L’étude s’appuiera donc sur une approche participative impliquant les communautés elles-mêmes.

Présent lors du lancement, Amadou Ouédraogo, porte-parole des communautés participantes, a exprimé leur entière adhésion à cette démarche. « Nous sommes prêts à contribuer pleinement à cette étude, car la paix commence chez nous », a-t-il déclaré.

Il convient de rappeler que l’Association monde rural est une structure reconnue pour son engagement en faveur de la cohésion sociale au Burkina Faso. Elle aura la responsabilité de conduire cette étude dont les résultats sont très attendus dans un contexte de tensions intercommunautaires persistantes, notamment dans le Nord, classé parmi les régions les plus touchées selon l’Observatoire national de prévention et de gestion des conflits communautaires (ONAPREGECC).