Le gouvernement soudanais, allié aux forces armées régulières dans le conflit en cours contre les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), a annoncé samedi avoir averti le Soudan du Sud d’un risque imminent d’interruption de ses exportations pétrolières. Cette déclaration marque une nouvelle étape dans l’escalade régionale des tensions, où les enjeux énergétiques prennent une dimension stratégique cruciale.
Dans une note officielle transmise à Juba, le ministère soudanais de l’Énergie et du Pétrole évoque des attaques de drones les 8 et 9 mai visant une station de pompage majeure et un dépôt de carburant situés dans des zones sous contrôle gouvernemental. Ces frappes, attribuées aux FSR, rendraient selon Khartoum « très probable » une suspension prochaine du transit pétrolier sud-soudanais via les installations soudanaises.
Depuis son indépendance en 2011, le Soudan du Sud, pays enclavé, reste dépendant des infrastructures de son voisin du nord pour l’exportation de son brut, estimé actuellement à 110 000 barils par jour. En échange, le Soudan encaisse des droits de transit, une manne financière cruciale pour un État fragilisé par deux années de guerre civile. La menace de fermeture de l’oléoduc vers Port-Soudan pèse donc autant sur l’économie sud-soudanaise que sur la stabilité financière de Khartoum.
Le contexte militaire complique davantage la situation : les FSR ont récemment intensifié leurs offensives sur des cibles stratégiques, incluant l’unique aéroport civil encore fonctionnel, une base militaire clé, une centrale électrique, ainsi que des infrastructures énergétiques.
Sur le plan diplomatique, cette tension énergétique s’inscrit dans un climat de crise politique persistante au Soudan du Sud. L’arrestation, en début d’année, de plusieurs proches du vice-président Riek Machar dont le ministre du Pétrole, Puot Kang Chol, a ravivé les divisions internes, menaçant de fragiliser davantage l’accord de paix déjà précaire entre les partisans de Machar et ceux du président Salva Kiir.
La reprise de l’accord commercial pétrolier entre Khartoum et Juba, suspendu pendant près d’un an, n’a été actée qu’en janvier 2025. Cette nouvelle donne pourrait à présent être remise en cause, au risque de déclencher une crise régionale aux répercussions économiques majeures.