Le Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a exhorté ce vendredi les autorités maliennes à abroger le décret dissolvant les partis politiques, qu’il qualifie de « draconien », et à rétablir pleinement les droits politiques dans le pays.
Dans un communiqué officiel, M. Türk a rappelé que toute restriction de la participation politique doit être conforme aux engagements internationaux du Mali en matière de droits humains. Il a mis en garde contre les effets potentiellement répressifs de telles mesures. « Les lois limitant la participation politique risquent de faire taire les voix dissidentes et pourraient aggraver une situation déjà préoccupante en matière de droits fondamentaux».
Le Haut-commissaire a également appelé les autorités de transition à ne pas prolonger davantage la période transitoire et à publier sans délai un calendrier électoral crédible, condition essentielle selon lui pour restaurer la confiance et garantir un retour à l’ordre constitutionnel.
En réaction à ces critiques, les autorités maliennes, en particulier le président de la transition, le général d’armée Assimi Goïta, défendent une réforme structurelle. Le gouvernement de transition insiste sur le fait que la dissolution des partis ne traduit pas un renoncement au pluralisme politique.
Il s’agit, selon Bamako, d’un processus de refonte du paysage politique, issu des recommandations des Assises nationales de la refondation (ANR) et du Dialogue inter-Maliens, menés jusqu’en avril 2025.
Cette réforme vise à réduire le nombre de partis jugés pléthoriques, revaloriser le statut de l’opposition, interdire le nomadisme politique et mettre fin au financement public des partis politiques.
Les autorités précisent que ces changements nécessitent l’abrogation de la loi de 2005 sur les partis politiques et celle de 2015 sur l’opposition, en vue d’adopter une nouvelle législation plus adaptée au contexte actuel.
Si le gouvernement insiste sur la volonté de « nettoyer » l’espace politique pour renforcer la gouvernance, les inquiétudes de la communauté internationale demeurent vives face à l’absence de perspectives électorales claires et à la réduction des libertés politiques dans le pays.