Ghana : Forte hausse du prix du cacao pour soutenir les producteurs

Le Ghana a annoncé, ce lundi, une hausse historique de 62,58 % du prix d’achat du cacao à la production, dans le cadre de la préparation de la campagne 2025-2026. Cette décision vise à mieux rémunérer les producteurs locaux et pourrait, à terme, exercer une pression sur les autres grands pays producteurs, notamment la Côte d’Ivoire.

Cette augmentation intervient dans un contexte de tensions sur l’approvisionnement mondial, marqué par les effets du changement climatique et le vieillissement des plantations. Elle pourrait ainsi contribuer à une nouvelle flambée des prix sur le marché international.

Lors d’une conférence de presse à Accra, le ministre des Finances, Cassiel Ato Forson, a précisé que le prix au producteur passera de 3100 dollars (environ 2 678 euros) à 5 040 dollars (soit 4 353 euros) la tonne.

« Le planteur de cacao reste un pilier de notre économie. Ce gouvernement est résolu à ce qu’il tire pleinement profit des gains générés », a-t-il déclaré.

Traditionnellement, le Ghana annonce son prix avant la Côte d’Ivoire, son principal concurrent sur le marché mondial. Actuellement, Abidjan rémunère ses planteurs à 1 500 francs CFA (environ 2 euros) le kilo, soit l’équivalent de 2 440 dollars (2 073 euros) la tonne.

Cette décision s’inscrit également dans les engagements de campagne du président John Mahama, élu en décembre dernier, qui avait promis de reverser jusqu’à 70 % du prix à l’exportation (FOB) aux producteurs.

Le prix FOB du cacao ghanéen atteint aujourd’hui 7 200 dollars la tonne, en moyenne entre les anciens contrats signés à 2 600 dollars (2 246 euros) durant la saison 2023-2024, et les prévisions de ventes pour 2025-2026. Pour la saison actuelle (2024-2025), les producteurs touchaient environ 63,9 % du prix FOB, soit 3 100 dollars sur une base de 4 850 dollars (4 189 euros).

Selon le ministre Forson, cette révision à la hausse est rendue possible par une amélioration du cadre macroéconomique, notamment la reprise du cedi, la monnaie nationale, et une inflation en recul.

Au Ghana, les prix du cacao sont fixés par l’État afin de garantir une certaine stabilité des revenus aux agriculteurs. Toutefois, des voix critiques estiment que ces prix sont restés trop bas ces dernières années, ne suivant pas la hausse des cours mondiaux. Ce retard a poussé certains producteurs à se détourner du cacao pour se lancer dans l’orpaillage, souvent au détriment de l’environnement.

En réponse, le gouvernement ghanéen a également annoncé la relance de son programme de distribution gratuite d’intrants agricoles. Ce dispositif comprend la fourniture d’engrais, d’insecticides, de fongicides, de pulvérisateurs et de stimulateurs de floraison, dans le but d’augmenter les rendements et les revenus des planteurs.