La Russie a demandé à la République centrafricaine (RCA) de remplacer le groupe paramilitaire Wagner par l’Africa Corps, une force étatique relevant directement du ministère russe de la Défense, et d’en assumer les coûts. Une demande à laquelle les autorités centrafricaines se montrent réticentes, selon plusieurs sources proches du dossier.
Présent en RCA depuis plusieurs années, le groupe Wagner joue un rôle clé dans la protection du président Faustin Archange Touadéra et de son gouvernement. En contrepartie, les mercenaires russes bénéficient d’un accès privilégié aux ressources minières du pays, en particulier l’or.
Cependant, la donne a changé depuis la mort de Yevgeny Prigojine, dirigeant de Wagner, dans un crash aérien en 2023. Depuis lors, Moscou tente de reprendre le contrôle des opérations en Afrique via l’Africa Corps, une unité militaire officielle, et de réduire l’influence des structures paramilitaires privées.
Un responsable militaire centrafricain a indiqué mardi à l’Associated Press (AP) que le vice-ministre russe de la Défense a formulé, dès le début de l’année, lors de plusieurs visites à Bangui, des exigences précises : le retrait de Wagner, son remplacement par l’Africa Corps, et le paiement des services rendus par cette nouvelle force. Mais ces conditions ne convainquent pas les autorités centrafricaines.
D’après le responsable, le gouvernement estime que Wagner, du fait de son statut privé et de ses liens étroits avec les forces locales, est plus efficace que l’Africa Corps, perçue comme trop centralisée et éloignée des réalités du terrain.
Un parlementaire centrafricain de premier plan, directement impliqué dans les négociations, a confirmé à l’AP l’existence de ces pressions russes. « Nous avons eu des discussions sur le sujet, et le gouvernement doit désormais formuler des propositions », a-t-il déclaré sous couvert d’anonymat.
Bangui préférerait continuer à payer les services russes en ressources stratégiques plutôt qu’en argent liquide, notamment en or, en uranium et en fer. Une position qui complique encore les discussions, alors que Moscou réclame des financements conséquents.
