A quelques jours de la date tant attendue du 28 juillet pour la tenue du scrutin présidentiel, les problèmes logistiques sont toujours d’actualité. Celui de permettre à tous les électeurs maliens de voter est certainement celui qui déçoit d’ores et déjà bon nombre de ces derniers.
Le 18 juillet dernier, un document officiel des organisateurs de l’élection soulignait que « le taux de remise des cartes d’électeurs » était « d’environ 60% ». Cette relative bonne nouvelle est en fait l’arbre qui cache la forêt. En effet, ce chiffre ne tient pas compte des 500 000 maliens, en majorité répartis dans d’immenses camps au Niger, au Burkina Faso et en Mauritanie, qui ont dû fuir le conflit. L’autre frein à volonté des maliens d’exercer leur devoir civique provient des lacunes du fichier électoral. Le fichier électoral malien a été réalisé dans un temps record sur la base du fichier de 2009 alors que lui-même était déficient. Le quotidien français Le Figaro avance ainsi que l’actuel fichier électoral compterait 265 000 électeurs maliens recensés à l’étranger alors que le fichier de 2009 en comptait 700 000. En France par exemple, sur les 200 000 maliens que compte officiellement le pays, seuls 80 000 ont été enregistrés sur les listes électorales. Ils ne pourront pas tous voter parce que le consulat du Mali en France n’a reçu que 30 000 cartes électorales.
Même les maliens déplacés à l’intérieur du pays à la suite du conflit ont l’impression de se faire voler leur élection, à l’image de ceux du camp catholique situé à Niamana, à une cinquantaine de kilomètres de Bamako. Les quelques personnes qui y ont reçu leur carte d’électeur ne sont pas enregistrées dans le secteur où elles ont trouvé refuge. Et en plus de la fragilité de la situation sécuritaire et des défis logistiques, les déplacements sont compliqués par le fait que les maliens, à grande majorité musulmans, sont en plein Ramadan et que le pays se trouve au plus fort de la saison des pluies.