Le Niger a vivement dénoncé samedi à la tribune des Nations unies les manœuvres de la France et du groupe Orano, accusés de vouloir freiner l’exploitation et la commercialisation de l’uranium nigérien par le biais de procédures judiciaires internationales, selon l’AFP.
« Ce gouvernement en désarroi cherche à nous entraîner dans des procès interminables pour arrêter l’exploitation et la vente de notre minerai », a déclaré le Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine devant l’Assemblée générale de l’ONU. Selon lui, « en un demi-siècle d’exploitation, l’uranium n’a apporté aux Nigériens que misère, pollution, rébellion, corruption et désolation, tandis qu’il assurait prospérité et puissance aux Français ».
Depuis le coup d’Etat de 2023, le pouvoir à Niamey a fait de la souveraineté sur les ressources naturelles une priorité. En juin, il a nationalisé la Somaïr, une société minière dont Orano, ex-Areva, détenait jusque-là le contrôle opérationnel. L’entreprise française, détenue à 90 % par l’Etat, a alors engagé une procédure d’arbitrage international.
Vendredi, Orano a annoncé qu’un tribunal arbitral du CIRDI (Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements), institution de la Banque mondiale, avait rendu une décision provisoire en sa faveur. Le tribunal a ordonné au Niger de ne pas vendre ni céder à des tiers l’uranium extrait par la Somaïr, estimant que cela violerait les droits d’Orano.
Niamey, de son côté, rejette toute remise en cause de sa souveraineté. « La décision du CIRDI ne remet en cause ni la continuité des activités de la Somaïr, ni la souveraineté du Niger sur ses ressources. L’uranium du Niger appartient au Niger », a réagi samedi sur Facebook l’activiste Ibrahim Bana.
Ce bras de fer illustre la rupture profonde entre Niamey et Paris. L’ex-puissance coloniale, longtemps partenaire privilégié dans l’exploitation de l’uranium nigérien, est désormais écartée au profit de nouveaux alliés.
