Des milliers de Kényans ont afflué jeudi à l’aéroport de Nairobi pour accueillir la dépouille de l’ancien Premier ministre Raila Odinga, décédé la veille en Inde à l’âge de 80 ans. Son corps, transporté par avion affrété, a reçu les honneurs avec un salut au canon à eau à son arrivée.
La mobilisation populaire a paralysé l’aéroport pendant deux heures, alors que la foule suivait le cortège militaire jusqu’à la sortie. « Nous sommes en deuil national. Baba a toujours été la voix du peuple », a déclaré Beatrice Adala, parmi les nombreux admirateurs venus lui rendre hommage. Le surnom Baba (père) reflète l’affection populaire pour ce vétéran de la vie politique.
Odinga s’est effondré lors d’une promenade matinale en Inde, et les tentatives de réanimation à l’hôpital de l’Etat du Kerala ont échoué. Figure de proue de l’opposition pendant des décennies, il était célébré pour son rôle dans l’instauration du multipartisme au Kenya.
Le président William Ruto, rival devenu allié politique, a salué en lui « un patriote au courage rare » et a décrété sept jours de deuil national. Les funérailles d’État auront lieu dimanche à Bondo, son village natal, selon son souhait d’être enterré dans les 72 heures.
Vendredi a été proclamé jour férié pour permettre à la population d’assister à la cérémonie officielle à Nairobi. Une autre veillée publique se tiendra samedi à Kisumu, dans l’ouest du pays. Face à l’affluence imprévue, la veillée prévue au Parlement a été déplacée dans un stade.
Cinq fois candidat à la présidentielle, Raila Odinga n’a jamais été élu chef de l’État, mais son influence a marqué la vie politique kényane. Il fut Premier ministre de 2008 à 2013, après la crise post-électorale de 2007. En 2017, il avait obtenu l’annulation de la présidentielle, une première en Afrique, mais avait boycotté le second scrutin, dénonçant des conditions inéquitables.
