Soudan : Les paramilitaires revendiquent la prise d’el-Facher, dernier bastion stratégique du Darfour

Les Forces de soutien rapide (FSR) ont annoncé dimanche avoir pris le contrôle total d’el-Facher, chef-lieu du Darfour-Nord et dernière grande ville de la région encore tenue par l’armée soudanaise. Une affirmation qui, si elle se confirmait, marquerait un tournant majeur dans le conflit qui ravage le Soudan.

Dans un communiqué diffusé sur leur chaîne Telegram, les FSR disent avoir « pris le contrôle de la ville d’el-Facher » et du quartier général de l’armée. L’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, n’a pas réagi, tandis que les comités de résistance populaires, proches du camp gouvernemental, assurent que la bataille est loin d’être terminée. Selon eux, les paramilitaires se sont emparés de « bâtiments vides » abandonnés par les troupes régulières, qui se seraient repliées sur d’autres positions.

Les combats autour d’el-Facher se sont intensifiés ces dernières semaines après 18 mois de siège. La ville est isolée, les communications coupées, rendant toute vérification indépendante impossible. Les FSR ont diffusé des vidéos de célébrations et d’opérations militaires, tandis que les habitants évoquent des bombardements massifs et une crise humanitaire dramatique.

Depuis août, les paramilitaires, dirigés par le général Mohamed Hamdan Daglo alias Hemedti, ont gagné du terrain dans le Darfour, prenant le contrôle de quatre capitales régionales. La chute d’el-Facher renforcerait leur emprise sur l’ouest du pays et consoliderait leurs ambitions politiques. « Les FSR cherchent à asseoir un contrôle territorial pour se présenter comme une autorité légitime », analyse Cameron Hudson, expert au Centre d’études stratégiques et internationales.

L’armée conserve pour l’instant le nord, l’est et le centre du pays. Mais la fragmentation du Soudan, déjà amputé du Sud en 2011, apparaît de plus en plus probable.

Malgré de nouveaux pourparlers de paix à Washington réunissant les Etats-Unis, l’Arabie saoudite, l’Egypte et les Emirats arabes unis, aucun progrès concret n’a été enregistré.

Depuis avril 2023, la guerre a fait des dizaines de milliers de morts et plus de dix millions de déplacés. A el-Facher, environ 260 000 civils, dont la moitié sont des enfants, vivent sans eau, sans soins ni nourriture dans ce que l’ONU décrit comme la pire crise humanitaire actuelle au monde.