Soudan : Les Emirats dénoncent le refus d’al-Burhane d’une trêve américaine

Les Emirats arabes unis, régulièrement accusés de soutenir les paramilitaires soudanais malgré leur rôle affiché de médiateur, ont vivement réagi lundi au refus du général Abdel Fattah al-Burhane d’accepter une nouvelle proposition de trêve venue des Etats-Unis d’Amérique.

« Une fois de plus, le général al-Burhane rejette les offres de paix », a dénoncé Reem al-Hashimy, ministre émiratie en charge de la coopération internationale. Selon elle, le chef de l’armée soudanaise adopte un « comportement d’obstruction » en refusant obstinément un cessez-le-feu alors que la guerre ravage le pays depuis avril 2023.

Dimanche, le général al-Burhane avait qualifié la dernière proposition de Washington d’« inacceptable », appelant les citoyens « prêts à défendre leur patrie » à rejoindre le front. Il accuse le groupe de médiateurs connu sous le nom du « Quad », les Etats-Unis, l’Arabie saoudite, l’Egypte et les Emirats de partialité, pointant directement le rôle d’Abou Dhabi.

Le général al-Burhane s’en est également pris au contenu même de la proposition américaine, élaborée par l’émissaire Massad Boulos. Selon lui, elle « élimine les forces armées », dissout les services de sécurité et laisse les milices en place, sans exiger leur désarmement. Il a par ailleurs nié tout lien entre l’armée et les Frères musulmans, affirmant que ces accusations ne proviennent que « des médias » et reprenant à son tour les Emirats pour cible.

Face à lui, le chef des FSR, le général Mohamed Hamdan Daglo, continue de présenter son combat comme une lutte contre des islamistes radicaux, alors même qu’il avait fait front commun avec al-Burhane lors du coup d’Etat de 2021 contre les autorités civiles.

Début novembre, les paramilitaires avaient accepté en principe une trêve humanitaire, mais les combats n’ont pas cessé. Le camp pro-armée avait quant à lui déjà rejeté en septembre un plan du Quad prévoyant une transition politique sans participation ni de l’armée ni des FSR. Ce schéma incluait une trêve de trois mois, un cessez-le-feu définitif et une transition de neuf mois vers un pouvoir civil.

La semaine dernière, un rare point de convergence est apparu : les deux camps ont salué l’implication annoncée du président américain Donald Trump, sollicitée par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Plus de dix-huit mois après le début du conflit, le Soudan demeure plongé dans des violences massives, des déplacements de population à grande échelle et une crise humanitaire que l’ONU décrit comme « la pire au monde ».