Tunisie : Le procès de responsables de Terre d’asile renvoyé à janvier

Ouvert lundi à Tunis, le procès de plusieurs responsables de la branche tunisienne de l’ONG française Terre d’asile, poursuivis pour aide illégale aux migrants, a été renvoyé au début du mois de janvier, ont indiqué leurs avocats. L’affaire est dénoncée par Amnesty International comme une tentative de « criminalisation de la société civile ».

Six travailleurs humanitaires de Terre d’asile Tunisie, dont Sherifa Riahi, ancienne directrice de l’organisation, et un autre responsable, Mohamed Joo, ont comparu lors de cette première audience. Des employés de la municipalité de Sousse, dans l’est du pays, figurent également parmi les 17 prévenus. Tous sont accusés d’avoir « facilité l’entrée et le séjour illégal » de migrants sur le territoire tunisien.

Mme Riahi et M. Joo sont incarcérés depuis plus de 19 mois, tout comme deux autres employés de l’ONG et deux agents municipaux, a précisé Me Seifallah Ben Meftah, avocat de l’ancienne directrice. La défense a annoncé que le tribunal avait rejeté les demandes de libération conditionnelle des six prévenus détenus et fixé la prochaine audience au 5 janvier.

Les accusés encourent jusqu’à dix ans de prison. Ils sont également poursuivis pour « entente en vue d’héberger ou de cacher des personnes entrées clandestinement » dans le pays.

En février 2023, le président Kaïs Saïed avait vivement critiqué l’afflux de migrants d’Afrique subsaharienne, estimant qu’il constituait une menace pour la « composition démographique » de la Tunisie. Dans les mois qui ont suivi, des milliers de ressortissants subsahariens ont été rapatriés ou ont pris la mer pour fuir le pays, tandis que des centaines d’autres auraient été abandonnés par les forces de sécurité tunisiennes, selon des ONG, dans des zones désertiques aux frontières avec l’Algérie et la Libye, où au moins une centaine de personnes ont trouvé la mort.

Amnesty International a appelé les autorités tunisiennes à abandonner les poursuites, dénonçant un « procès fallacieux ». Selon l’ONG, les prévenus sont poursuivis uniquement pour avoir mené un travail humanitaire légitime en faveur de réfugiés, de demandeurs d’asile et de migrants en situation de vulnérabilité.