La suspension des activités du HCR (Haut Commissariat aux Réfugiés) dans le camp de M’Béra depuis le 5 septembre dernier a placé quelque 70 000 réfugiés maliens face au cruel dilemme de la famine en Mauritanie ou de l’insécurité de leur terre natale dans le nord du Mali.
Les tensions ont commencé avec le processus de recensement biométrique. Prétextant un double enregistrement, mais plus souvent des absences répétées du camp, les autorités mauritaniennes ont désactivé depuis avril les cartes de réfugiés de près de 6 500 personnes. Ces dernières se justifient par l’impératif de sortir du camp pour surveiller le bétail qu’elles ont pu emporter durant leur fuite. Les tensions croissantes ont perturbé la sécurité du camp, engendrant de violents incidents et un pillage des stocks de vivres. Le bureau du HCR a Nouakchott a confirmé que ses activités dans le camp seront suspendues jusqu’à ce que les autorités mauritaniennes renforcent la sécurité. Privés du soutien du HCR, les réfugiés optent pour retourner chez eux ; un choix qui a déjà été fait par environ 500 d’entre eux.
Seulement la situation sécuritaire est plus précaire que jamais dans la région de Tombouctou d’où provient la majorité des réfugiés installés en Mauritanie, et ce malgré le déploiement depuis le 1er juillet dernier des casques bleus de la Minusma.
Les rebelles touaregs et l’armée malienne sont à couteaux tirés malgré l’accord intérimaire de paix signé mi-juin entre les groupes armés de l’Azawad (le MNLA et le HCUA) et les autorités de transition de Bamako. Des bandes armées touaregs ou maures s’attaquent aux villages des sédentaires noirs. Même l’armée malienne est accusée de persécuter des civils nomades, touaregs et maures.