A l’image de la célébration le 20 février dernier au Cameroun du cinquantenaire de la réunification du pays alors que les combats faisaient rage à quelques kilomètres de là en Centrafrique, le Cameroun ne semble pas encore disposé à s’investir complètement dans la crise de son voisin, malgré les répercussions qui pèsent sur lui.
En dépit du dispositif de sécurité instauré par la Misca, la Mission internationale de soutien à la Centrafrique, la situation en Centrafrique rend réticents les camionneurs à transporter leurs marchandises. Dépourvu de façade maritime, la voie routière est d’une importance cruciale pour la Centrafrique ainsi que pour les partenaires commerciaux étrangers.
Selon El-Hadj Oumarou, coordonnateur général du bureau de gestion du fret terrestre au Cameroun, les pertes pour les camionneurs camerounais tourneraient autour de 7.7 millions de dollars par mois. Le Cameroun a dû également procéder au rapatriement de près de 5 000 Camerounais qui établis en Centrafrique pour les soustraire aux violences communautaires en plus d’accueillir des milliers de Centrafricains fuyant les exactions des milices anti-balaka. 850 soldats camerounais ont également été dépêchés dans le pays à travers la Misca, soutenus financièrement et matériellement par Yaoundé.
L’on pourrait logiquement conclure que Yaoundé a tout intérêt à ce que la crise centrafricaine trouve une solution, le plus rapidement possible. Pourtant, si cette volonté existe, elle n’est pas visible dans les actions des autorités camerounaises. Le président camerounais Paul Biya n’a assisté à aucune des six réunions sur la crise centrafricaine convoquées par la CEEAC (Communauté des Etats de l’Afrique Centrale) à N’Djamena. Certaines sources diplomatiques soutiennent que cela serait juste un effet de façade et que le président camerounais s’activerait en coulisses pour trouver une issue à la crise.