Le président du gouvernement transitoire du Burkina Faso, Michel Kafando et plusieurs de ses ministres se trouvent, depuis mercredi, aux mains d’éléments de l’ancienne garde présidentielle (RSP).
Les « mutins », qui n’en sont pas à leur premier coup d’éclat, ont investi le palais présidentiel et se sont emparés des hauts dirigeants du pays, en plein conseil des ministres. L’action des militaires s’est limitée au palais présidentiel et, jeudi matin, aucune revendication n’avait encore été faite par les hommes du régiment de sécurité présidentiel (RSP), restés fidèles à l’ancien chef d’état Blaise Compaoré.
Des mouvements spontanés de protestation ont eu lieu dans les rues de Ouagadougou et d’autres manifestations sont prévues dans la capitale. L’ONU, l’Union africaine, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, ainsi que la France et le Maroc, ont immédiatement condamné « cette prise d’otage », qui intervient à quatre jours de l’ouverture de la campagne électorale présidentielle, devant déboucher sur le scrutin du 11 octobre prochain.
Ces élections devaient, en principe, mettre fin à la période transitoire d’une année, instaurée après le départ, en octobre 2014, de Blaise Compaoré qui, sous la pression de la rue, a dû abandonner après 27 ans au pouvoir.
Selon les observateurs, l’élément déclencheur de ce coup de force, serait la proposition faite lundi par de la Commission de réconciliation et des réformes, au gouvernement de transition, de démanteler le RSP composé de 1300 militaires, et considéré comme une « armée au sein de l’armée ».
Le président du Conseil National de Transition (CNT), Cheriff Sy, qui estime « la nation en danger », a exhorté le peuple burkinabè à faire échec à cette opération ».
«Des tentatives de dialogue sont en cours entre la Haute hiérarchie militaire et les éléments du RSP », a-t-il également affirmé. Les principaux syndicats du pays, dont la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B), ont de leur côté lancé un appel conjoint à une grève générale sur l’ensemble du territoire national.
Ces appels ont été relayés par les réseaux sociaux, par le biais desquels le mouvement «Balai citoyen», qui avait été à la pointe dans la contestation contre l’ex-président Compaoré, a appelé lui aussi, au rassemblement pour «dire non au coup d’Etat en cours».