Deux ans après la mort des deux envoyés spéciaux de Radio France International (RFI) au nord du Mali, Ghislaine Dupont, 57 ans, et Claude Verlon, 55 ans, l’enquête est toujours au point mort, tant sur le terrain à Kidal pour des raisons de sécurité qu’à Paris où le secret-défense prévaut.
Si l’assassinat des deux journalistes dont les corps sans vie avaient été retrouvés dans la région de Kidal a été aussitôt revendiqué par Al-Qaida au Maghreb Islamique, de nombreuses questions demeurent en suspens. Par exemple ce qui s’est réellement passé entre leur enlèvement à 13h00 et la découverte de leurs corps à 14h25 par les soldats français à seulement 13 kilomètres de la ville de Kidal. Ou encore qui a donné l’information sur ce crime avant même que l’on ne retrouve les corps.
Pour répondre à ces questions, le juge Trévidic a fait il y a cinq mois une demande de déclassification des documents militaires de l’armée française qui permettraient de lever certaines zones d’ombre. Mais alors que le président français François Hollande avait promis aux familles et aux proches des victimes que cette déclassification serait immédiate, la procédure s’éternise. Le ministère français de la Défense explique que la levée du secret défense est un processus technocratique et que les remontées d’informations prennent du temps parce qu’il faut notamment vérifier que les informations divulguées ne mettent pas en danger des informateurs, des personnels français sur le terrain et ne proviennent pas de services de pays étrangers.
Toutefois, le même ministère vient de promettre de tout faire pour réunir et déclassifier ces documents avant la fin de l’année. En attendant, l’enquête est passée depuis septembre dernier sous le contrôle du juge Jean-Marc Herbault. L’Unesco a décrété le 2 novembre, date de la mort des deux journalistes, « Journée internationale de la fin de l’impunité des crimes commis contre les journalistes ».