Les protagonistes de la crise libyenne ont signé, jeudi au Maroc, un accord laborieusement négocié pendant des mois sous l’égide de l’ONU, avec l’objectif de mettre un terme au chaos politique et sécuritaire en Libye, et freiner la progression des groupes terroristes ayant fait allégeance à l’organisation de l’Etat Islamique (EI).
La signature s’est déroulée dans la station balnéaire marocaine de Skhirat, au sud de Rabat. Présent à la cérémonie de signature, l’émissaire de l’Onu Martin Kobler, a qualifié de « jour historique pour la Libye » cet accord. Mais d’autres parties libyennes se sont empressées de dénoncer l’accord, signe que la querelle de légitimité entre les deux parlements rivaux n’est pas totalement effacée.
Siégeant à Tobrouk (Est), le Parlement reconnu par la communauté internationale continue d’être contesté par l’autre parlement, basé à Tripoli et composé de groupes islamistes radicaux. Au milieu de cette fracture, plusieurs groupes armés ont continué à proliférer, profitant de l’absence d’un pouvoir central fort.
Le danger de ces groupes qui échappent à tout contrôle a commencé à se profiler depuis une année environ, avec le ralliement de nombreuses factions à l’organisation terroriste de l’EI. Leur menace s’étend au-delà des seules frontières libyennes, puisque les autorités tunisiennes ont attribué la responsabilité des sanglants attentats du Bardo, de Sousse et de Tunis de 2015, à des jihadistes entraînés et formés en Libye voisine.
A présent, le plus grand danger est de voir l’EI s’étendre à partir des frontières libyennes vers l’Est de l’Algérie, voire les pays du Sahel. Aujourd’hui, après trois ans de désordre inextricable dans le pays, les puissances occidentales mesurent l’ampleur de leur responsabilité dans la chute du régime de Mouammar Kadhafi sans avoir préparé d’alternative politique. Ce qui a précipité la Libye dans le chaos politique et sécuritaire.
Après la vague des migrants subsahariens qui, profitant de la désagrégation des forces de sécurité en Libye, ont pris d’assaut Malte et l’Italie en 2014 et 2015, les pays occidentaux doivent faire face au péril de l’organisation terroriste de l’EI.
Ils tentent à présent de recoller les morceaux d’une Libye éclatée, en rassemblant les parties rivales libyenne autour d’un gouvernement d’union nationale. Et dans cette perspective, l’accord signé ce jeudi au Maroc apparaît comme la seule lueur d’espoir pour une Libye enlisée dans une situation confuse et enchevêtrée.