Algérie: la nouvelle réforme constitutionnelle accueillie avec suspicion

Dans un contexte marqué par des tensions au sommet de l’Etat et une crise de succession à la présidence qui devient de plus en plus visible, le gouvernement algérien a décidé de prendre le taureau par les cornes en menant une énième réforme constitutionnelle pour mieux asseoir son emprise sur le pays.

Après près de quatre années de tergiversations, le pouvoir algérien a finalement présenté son projet de révision constitutionnelle. Un texte sans grande innovation, selon les observateurs, mis à part peut-être l’article prônant la limitation des mandats présidentiels à deux.

Cette nouvelle constitution, dévoilée la semaine dernière, a été qualifiée par la presse et l’opposition algériennes comme étant une mascarade politique inaugurant une année 2016 des plus compliquées pour la population algérienne.

En effet, après avoir modifié à deux reprises la constitution algérienne pour allonger la durée du mandat présidentiel d’Abdelaziz Bouteflika, le régime algérien a décidé dans cette nouvelle constitution de supprimer ces dernières modifications en limitant le nombre de quinquennats à deux.

Un retour en arrière de plus de 10 ans qui passe quasiment inaperçu. Une facilité de changement induite par les dirigeants politiques algériens qui, lorsqu’il s’agit de réformer la loi fondamentale de leur patrie, le font sans prendre consultation de l’avis de la population, estiment de nombreux médias.

Animée par les préparatifs de l’ère post-Bouteflika, cette réforme constitutionnelle a également eu de nombreuses répercussions sur les relations politiques au sommet de l’Etat. Une guerre de clans au sein de l’appareil politico-militaire algérien avait notamment éclaté en 2015, avec le limogeage de plusieurs hauts dignitaires algériens.

Ces tensions ont connu un pic à la fin de l’été avec le remerciement du puissant général Mohamed Mediène, dit Toufik. Le haut gradé militaire avait notamment dirigé les services de renseignements de l’obscur DRS durant près de 25 ans.

Un séisme qui, selon les observateurs, signe la reprise en main de l’appareil militaire et du pouvoir central par le clan présidentiel avec en première ligne le frère du président, Saïd Bouteflika.