Les Libyens nourrissent de grands espoirs de parvenir enfin à une réconciliation nationale après la formation laborieuse d’un gouvernement resserré de 18 membres, mais dont l’approbation dépend de l’aval du parlement de Tobrouk (Est) reconnu par la communauté internationale, qui doit se prononcer ce mardi.
La liste du nouveau gouvernement présentée par le Premier ministre désigné, Fayez al-Sarraj, a été dévoilée dimanche à Skhirat, au Maroc, où les factions rivales libyennes négociaient depuis des mois sous l’égide de l’ONU. Un premier gouvernement de 32 membres avait été rejeté fin janvier par le Parlement de Tobrouk. Un refus justifié par le nombre de ministres jugé excessif, mais qui cachait en fait les fortes rivalités inter-libyennes, autant que les pressions étrangères.
Cet argument du trop grand nombre de ministres étant levé, les parlementaires de Tobrouk sont à présent mis sous pression de la communauté internationale. Martin Kobler, le médiateur de l’ONU pour la Libye a été clair à ce sujet. Ce gouvernement d’union nationale représente une « opportunité unique » pour sortir le pays de la confusion politique et du désordre sécuritaire dans lequel il s’est enlisé depuis la chute du régime de Kadhafi à la fin de 2011.
Même si deux parmi les neuf membres du Conseil de la présidence piloté par le Premier ministre Fayez al-Sarraj, ont refusé de signer l’accord de dimanche, les diverses parties gardent espoir. Fathi al-Mejebri, porte-parole du Conseil présidentiel, a émis l’espoir « que ce gouvernement représentera le début de la fin du conflit en Libye ».
Un espoir relayé par les responsables européens, inquiets de la montée en puissance des groupes terroristes de l’organisation Etat islamique (EI) en Libye. « Cela serait un immense pas en avant en vue d’une pacification du conflit politique et un moyen de rétablir l’Etat », a estimé le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier
Les jihadistes de l’EI, après avoir pris le contrôle de la ville côtière de Syrte et sa région, menacent à présent d’étendre leur emprise sur d’autres zones stratégique en Libye, et particulièrement sur les terminaux pétroliers.
Les pays européens ont également présent à l’esprit les vagues de migrants subsahariens qui avaient pris d’assaut en 2014 et 2015 le sud de l’Italie à partir des côtes libyennes. De même les craintes de l’émergence d’une autre Syrie dans le Sud de la méditerranée, demeure un cauchemar pour l’Europe.