Le gouvernement tunisien a décidé mardi de prolonger l’état d’urgence de trois mois supplémentaires, une décision qui ne surprend pas alors que le pays ne s’est pas encore remis de l’attaque terroriste de Ben Guerdane, qui a fait il y a un peu plus de deux semaines, des dizaines de morts.
Dans les faits, l’état d’urgence était en vigueur en Tunisie depuis l’attaque suicide jihadiste contre des membres de la garde présidentielle, le 24 novembre 2015 à Tunis. L’année s’était terminée sur un bilan particulièrement sanglant.
Deux attaques contre des sites touristiques, en mars et juillet, avaient fait des dizaines de morts parmi les touristes étrangers, et frappé au cœur un secteur vital pour l’économie tunisienne.
Autant de développements qui avaient convaincu les autorités que le pays était réellement la cible prioritaire des islamistes armés. Car les tunisiens craignent toujours que la Tunisie soit contaminée par la gangrène jihadiste en Libye, où l’organisation terroriste de l’Etat islamique a profité du chaos politique et sécuritaire pour prendre racine dans le pays.
Les spécialistes considèrent que le foyer libyen en fusion représente un danger permanent pour tous les pays voisins. De l’Algérie à l’Egypte, en passant par le Mali au Sud, les jihadistes mènent la vie dure aux forces armées et aux services de sécurité.
Mais c’est incontestablement la Tunisie qui se trouve le plus dans le collimateur des terroristes de Daech retranchés en Libye. Une conclusion à laquelle sont parvenus à la fois les services tunisiens et occidentaux, sur la base de renseignements recoupés.
Des jihadistes tunisiens, mais aussi de nationalités étrangères, se seraient introduits en Tunisie depuis la Libye voisine. Ils compteraient une dizaine de kamikazes au moins et seraient munis de ceintures explosives et d’armes de guerre.
Leur but est de mener des opérations terroristes au cours du mois d’avril contre des objectifs touristiques, des bâtiments gouvernementaux et des installations militaires et sécuritaires en vue de semer le doute parmi les tunisiens.
Il s’agit de les faire douter de la capacité des autorités à maitriser la situation. Un sinistre projet qui justifie largement la décision du gouvernement de prolonger l’état d’urgence.