Affrontements entre groupes armés touareg rivaux dans le Nord, attaques meurtrières menées régulièrement par des djihadistes dans le centre du pays, autant d’indicateurs qui confirment que ni l’intervention des forces internationales, ni l’accord d’Alger n’ont été en mesure d’enclencher un processus de stabilisation au Mali depuis la crise de 2012.
Dans le Nord du pays, le face à face entre les rebelles de la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad) retranchés dans la ville de Kidal, et le groupe pro-gouvernemental du Gatia (Groupe armé des Touareg de la tribu des Imerades et alliés) est alimenté par la présence de quantités impressionnantes d’armes. Il est vrai que les différents groupes djihadistes et les mouvements séparatistes se sont largement approvisionnés dans l’arsenal libyen dans le sillage de la chute du régime Kadhafi à la fin de 2011.
Dans les autres régions du pays et en dépit du déploiement par l’ONU de plus de 13000 casques bleus et près de 2000 policiers dans le cadre de la Minusma depuis trois ans, la situation est toujours aussi dangereuse. D’après l’opposant malien Tiebilé Dramé, « au moins 1.311 civils, militaires maliens et étrangers, ont perdu la vie au Mali entre septembre 2013 et le 15 septembre 2016 ».
Pire encore, une partie du territoire Malien échappe au contrôle de l’Etat. Des communautés locales tentent de s’organiser pour assurer leur propre défense. L’émergence de l’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peule et la restauration de la justice (Ansiprj), en est l’illustration. Il s’agit d’un mouvement armé créé contre l’armée qui « instrumentalise les milices contre les peuls », d’après le secrétaire général de l’Ansiprj, Oumar Aldjana.
Le cri d’alarme lancé par l’ancien président de l’Assemblée nationale malienne, Aly Nouhoum Diallo, est révélateur de la situation. Dénonçant début septembre « les exactions commises contre des civils peuls dans le centre du Mali », l’ancien responsable est particulièrement inquiet pour l’avenir : « si l’Etat ne fait rien, des groupes armés peuls peuvent très rapidement développer des thèses indépendantistes dans le centre du Mali ».
L’opposition et les organisations de la société civile imputent la responsabilité de cette situation au Président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), accusé d’avoir été incapable d’imprimer ne serait-ce qu’un début de changement depuis son arrivée au pouvoir il y a trois ans.