La décision du président tunisien Béji Caïd Essebsi, jeudi de prolonger l’Etat d’urgence en vigueur depuis novembre 2015, illustre la fragilité de la situation sécuritaire en Tunisie six ans après la chute du régime de Ben Ali.
Dans un communiqué rendu public par la présidence de la République, cette dernière indique que la décision de prolongation de l’Etat d’urgence a été prise en concertation avec le chef du gouvernement et le président de l’Assemblée des Représentants du Peuple sur les questions relatives à la sécurité nationale et la situation aux frontières dans la région.
Outre qu’elle octroie des pouvoirs d’exception de trois mois supplémentaires à l’armée et à la police, cette mesure permet aussi au gouvernement d’interdire sans justification les grèves et les réunions « de nature à provoquer ou entretenir le désordre ».
Plongée depuis 2011 dans une grave situation d’insécurité, la Tunisie fait face à une menace sécuritaire structurelle qui a pris de l’ampleur ces dernières années. Cette tendance s’est en effet accélérée du fait de la proximité géographique de la Tunisie avec le voisin libyen.
La Tunisie partage une frontière de 500 kilomètres avec la Libye, pays qui est à l’heure actuelle le principal foyer d’instabilité en Afrique du nord.
Le ministre tunisien de la Défense a d’ailleurs annoncé que la situation de la Tunisie « est liée à la Libye, et tant que la Libye n’a pas de gouvernement maîtrisant la situation, la menace existe ».
Afin de tenter d’endiguer l’entrée d’armes à feu, de terroristes et de bandes criminelles sur le territoire tunisien, le gouvernement avait pris plusieurs mesures drastiques.
Parmi les dispositions-phares, figure la construction d’un mur de sable de plusieurs mètres de haut et de fossés à la frontière avec la Libye. Toutefois, malgré ces mesures, l’insécurité en Libye voisine continue à impacter négativement la situation au niveau sécuritaire en Tunisie.