Alors que le Maroc diversifie depuis plusieurs années ses investissements en Afrique, l’Algérie essaie d’emboîter le pas au Royaume chérifien en annonçant un investissement de 360 millions de dollars en Ethiopie, une décision qui n’est pas sans risque puisque l’Algérie est en déficit budgétaire croissant depuis la chute des prix du pétrole.
Le groupe privé algérien Cevital a annoncé mardi qu’il était à la recherche de partenaires bancaires pouvant financer son projet d’implantation d’usines de trituration d’oléagineux et de raffinage du sucre en Ethiopie. Issad Rebrab, le patron de Cevital s’est exprimé à ce sujet lors d’un forum tenu mardi à Genève.
Le dirigeant du premier groupe privé algérien a ainsi exposé son projet visant à faire de l’Ethiopie sa base-arrière africaine dans le domaine de l’industrie sucrière. « Au total, nous aurons besoin de 360 millions de dollars juste en Ethiopie, sans compter la plateforme logistique au port de Djibouti ».
D’après Issad Rebrab, l’export du sucre se fera par voie ferroviaire grâce à la ligne qui vient d’être inaugurée entre Addis-Abeba et Djibouti. Le futur complexe agro-industriel de Cevital comprendra une usine de trituration d’oléagineux d’une capacité de 3,5 millions de tonnes par an, une raffinerie de sucre d’un million de tonnes, une usine de production d’huiles végétales de 750 000 tonnes ainsi que des unités de distribution de produits alimentaires.
Malgré le business plan très détaillé de ce complexe industriel, les investisseurs présents mardi au forum de Genève doutaient sérieusement des capacités du groupe Cevital à mener à bien ce projet. En effet, plusieurs sources proches du dossier ont laissé entendre que ce projet n’était en quelque sorte qu’une réponse à l’offensive diplomatique et économique du Maroc en Afrique.
Le Royaume a en effet diversifié ses investissements en Afrique subsaharienne, une stratégie qui lui donne de facto une plus grande marge de manœuvre diplomatique, au grand dam de son voisin et éternel rival algérien.