Au moment où le Nord du Mali est occupé par des groupes islamistes armés qui menacent de poursuivre leur expansion au reste du pays, voire à toute la zone du Sahel, Dakar accueillait une conférence débat sur les moyens de combattre l’extension de l’idéologie extrémiste prônée par ces groupes proches d’Al Qaïda.
La conférence débat a eu lieu la semaine dernière sur le thème « Nous sommes tous maliens ». Les animateurs, opposés à une intervention militaire internationale dans le nord du Mali, ont prôné un soutien économique plutôt que militaire de la communauté internationale. Ils préconisent aussi de combattre les idéologies salafistes transmises par de nombreuses écoles religieuses dans les pays du Sahel, y compris au Sénégal. La conférence était animée entre autres par Aminata Traoré, une écrivaine malienne, et le professeur Abdou Aziz kebe, islamologue et chef du département d’Arabe de l’université de Dakar. Ces intellectuels proposent de traiter le mal par la racine. Pour Aminata Traoré, la crise malienne a été provoquée par le mal-être de la population, dû à la mauvaise gestion des politiques et aux décisions arbitraires des autorités. La solution à la crise passerait donc logiquement par un soutien économique et social, du Mali tout d’abord, mais également des pays voisins qui sont de plus en plus victimes des groupes extrémistes. Le professeur Abdou Aziz Kébé propose, pour parvenir à une éradication de l’extrémisme religieux qui fait autant de ravages dans la région, de s’attaquer aux établissements qui dispensent cette idéologie. La religion est en effet l’argument avancé par les groupes armés au nord du Mali pour justifier la profanation des tombes à Tombouctou, la destruction de certains vestiges classés patrimoine culturel de l’UNESCO ou encore l’instauration de la charia dans tout le pays.
Abdou Aziz Kébé a invité les autorités à se pencher sur les écoles islamiques qui fleurissent dans les pays de la région de manière à y encourager, en plus de l’enseignement religieux, le développement des valeurs de citoyenneté et de démocratie dans un esprit de tolérance.
Sahel: quel antidote à l’extrémisme religieux ?
