Soudan : situation de la gouvernance

La Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a réclamé lundi un accès de ses services au Soudan pour enquêter sur la « brutale répression » de manifestants par les forces de sécurité.

« Le soulèvement populaire inspirant et pacifique au Soudan, avec son appel à la gouvernance démocratique et à la justice, a fait l’objet d’une répression brutale de la part des forces de sécurité ce mois-ci », a déclaré Mme Bachelet, à l’ouverture de la 41e session du Conseil des droits de l’homme à Genève.

« Je regrette que le gouvernement n’ait pas répondu à notre demande d’accès pour enquêter sur les allégations de violations graves des droits humains commises par les forces de sécurité (…) lors de la répression », a-t-elle ajouté, exhortant le Soudan « à autoriser l’accès à son Bureau ».

Au moins 128 personnes ont été tuées dans l’opération et la répression qui s’est poursuivie les jours suivants, selon des médecins proches de la contestation.

Par ailleurs, le Conseil militaire au pouvoir a réclamé dimanche un plan « commun » du médiateur éthiopien et de l’Union africaine pour dessiner les grandes lignes de la transition, exprimant des réserves sur une proposition présentée par Addis-Abeba.

Après plusieurs mois de manifestations qui ont poussé en avril l’armée à destituer le président Omar el-Béchir, le Soudan est le théâtre d’un bras de fer entre le Conseil militaire de transition qui a succédé à M. Béchir et les chefs du mouvement de contestation qui exigent le transfert du pouvoir aux civils.

Samedi, les représentants de la contestation ont accepté la proposition du médiateur éthiopien qui prévoit la formation d’une instance constituée de huit civils et sept militaires. Cette instance sera présidée par un des militaires pendant 18 mois.

Ils ont également assuré lundi que les initiatives de l’Ethiopie et l’Union africaine pour définir les grandes lignes de la transition étaient identiques, contredisant le Conseil militaire au pouvoir qui a réclamé la veille un plan commun.

Mais le porte-parole du Conseil militaire, le général Chamseddine Kabbachi, a déclaré dimanche que le plan éthiopien était « différent » d’une autre initiative présentée par l’Union africaine, sans évoquer les détails des documents.

L’Union Africaine avait suspendu le Soudan de l’organisation quelques jours après la dispersion du sit-in. Ni l’Ethiopie ni l’UA ne se sont prononcées sur les déclarations du Conseil militaire.