Le président mozambicain sortant Filipe Nyusi a largement remporté la présidentielle du 15 octobre, selon les résultats officiels proclamés dimanche par la Commission électorale, alors que l’opposition dénonce des fraudes massives.
Filipe Nyusi, 60 ans, du parti au pouvoir Frelimo, est élu pour un nouveau mandat de cinq ans, après avoir recueilli quelque 73% des voix contre 22% à son principal opposant Ossufo Momade, de la Renamo, a annoncé dimanche le président de la commission électorale, Abdul Carimo.
« Je veux faire part de mon respect pour les partis de l’opposition et tendre la main à mes frères Ossufo Momade, Daviz Simango et Mário Albino », ses adversaires dans le scrutin, a réagi Filipe Nyusi devant ses partisans à Matola, à l’ouest de Maputo. « Nous devons travailler ensemble pour développer notre pays ».
Les Mozambicains se sont rendus aux urnes le 15 octobre pour élire leur président, leurs députés et leurs assemblées provinciales dans un climat de tensions, à l’issue d’une campagne électorale marquée par de nombreuses violences.
Le Frelimo a remporté 184 des 250 sièges à l’Assemblée, en nette progression par rapport aux législatives de 2014 (144 députés).
Mais la société civile mozambicaine et les principales missions internationales d’observateurs ont dénoncé de nombreuses irrégularités dans le processus électoral, marqué par une participation d’un peu plus de 50% parmi les 13 millions d’électeurs inscrits.
L’ambassade des Etats-Unis a ainsi exprimé vendredi d' »importantes inquiétudes liées à (…) des irrégularités qui pourraient avoir des conséquences sur la perception de l’intégrité du processus électoral ».
Vendredi, les corps criblés de balles de la dirigeante de la Ligue des femmes de la Renamo et de son mari ont été retrouvés dans la province de Tete (ouest), a annoncé le représentant local de ce parti, Evaristo Sixpense.
Leur disparition avait été signalée à la veille du scrutin. Selon M. Sixpense, ils ont été victimes d’une embuscade tendue par des inconnus au moment où ils distribuaient des copies des listes électorales.
Leurs morts portent à dix le nombre des personnes tuées depuis le début de la campagne électorale, selon la mission locale d’observateurs Centro de Integridade Publica.
Ces élections avaient valeur de test après le fragile accord de paix conclu en août entre le parti au pouvoir et la Renamo, l’ex-rébellion active pendant la guerre civile (1975-1992).
Cet accord était censé mettre un point final à leurs affrontements, récurrents depuis plus de quarante ans. Mais la campagne électorale a ravivé les tensions entre les deux camps.