Le ‘’président’’ Kais Saied a décidé de suivre la démarche de son mentor le général Saïd Chengriha, le chef de la junte au pouvoir en Algérie, dans son crime d’expulsions inhumaines des migrants subsahariens vers le désert du Niger.
Plusieurs ONG et acteurs de la société civile tunisienne et internationale ont dénoncé le discours « raciste et haineux » de Kais Saied après sa violente charge contre les migrants originaires d’Afrique subsaharienne, qu’il a présentés comme une menace démographique pour son pays.
Il a en outre soutenu que cette immigration clandestine relevait d’une « entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie », afin qu’elle soit considérée comme un pays « africain seulement » et estomper son caractère « arabo-musulman ».
Les déclarations de Saied sur l’existence d’une « entreprise criminelle » visant à changer la composition démographique de la Tunisie ont suscité des comparaisons avec la théorie complotiste du « grand remplacement » prônée en France par le polémiste d’extrême droite Eric Zemmour.
« Le discours du président sur les mesures urgentes visant à mettre fin à l’afflux massif des migrants irréguliers de l’Afrique subsaharienne vers la Tunisie, constitue une atteinte aux conventions internationales sur la protection des migrants et à la législation en vigueur sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale », ont-ils déploré dans une déclaration à la presse.
Selon les médias, Nabila Hamza, membre du comité directeur de l’association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), a affirmé que le discours du président tunisien comprend une « incitation à la haine » et à « la discrimination raciale contre les migrants africains ».
De son côté, la représentante de l’association de défense du droit à la différence, Sirine Hammami, a rejeté les propos véhiculés à propos de l’afflux massif des migrants africains irréguliers en Tunisie, rappelant qu’une étude élaborée par l’institut tunisien de la statistique en 2021, a fait état « de 21.500 migrants parmi les étudiants et autres.
Le Conseil d’affaires tuniso-africain (Tunisia-Africa Business Council, TABC) a également exprimé jeudi, son « extrême inquiétude » face à la récente campagne contre les ressortissants des pays subsahariens en Tunisie, appelant à préserver les liens humains, économiques et financiers avec les partenaires africains.
Les propos de M. Saied, qui concentre tous les pouvoirs après avoir suspendu en juillet 2021 le Parlement et limogé le gouvernement, surviennent alors que le pays traverse une grave crise économique marquée par des pénuries récurrentes de produits de base, sur fond de tensions politiques.
« Le président instrumentalise la crise des migrants pour détourner l’attention de l’opinion publique des questions économiques et sociales en inventant un nouveau danger », affirme M. Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES).