Le gouvernement de facto du Mali a une fois de plus utilisé la tribune de l’ONU, le samedi, pour critiquer vivement son ancienne puissance coloniale, la France, tout en saluant l’attitude de la Russie, un pays de plus en plus présent dans la région du Sahel et en Afrique en général.
Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a dénoncé la « ingérence » continue de la France dans les affaires du Mali, l’accusant même de favoriser des activités terroristes ou de manœuvrer pour empêcher le Mali d’accéder à des crédits dans les institutions financières régionales ou multinationales.
De plus, il a estimé que la France « essaie et parfois réussit à instrumentaliser les organisations régionales pour opposer les pays frères les uns aux autres dans une attitude néocolonialiste », faisant clairement allusion à la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Cette organisation est celle qui, avec le plein soutien de l’ONU et du monde occidental principalement, est à l’avant-garde de la lutte contre les régimes putschistes au Mali, au Niger ou au Burkina Faso, et qui impose des sanctions contre eux tout en faisant pression pour leur retour à une gouvernance civile.
Diop a déclaré que, en ce qui concerne l’Afrique, les organismes internationaux, y compris l’ONU, ainsi que les organismes régionaux, pratiquent un « deux poids, deux mesures » dans l’acceptation ou non de certains gouvernements et il a cité expressément la pression sur le Niger, ce qui fait perdre confiance aux populations africaines envers eux.
« Toute intervention militaire au Niger, j’allais dire toute agression, toute invasion de ce pays, constitue une menace directe à la paix et à la sécurité du Mali, mais aussi à la paix et à la sécurité de la région, et aura nécessairement des conséquences sérieuses. Nous ne resterons pas les bras croisés », a-t-il déclaré.
Il a opposé à cette attitude celle d’autres « amis sincères qui valorisent la relation d’égal à égal », mentionnant spécifiquement la Fédération de Russie, à laquelle il a exprimé sa gratitude « pour sa solidarité effective et son engagement fiable tant au niveau bilatéral que multilatéral ».
Le discours de Diop met clairement en lumière le rôle de plus en plus marginal de la France au Sahel, autrefois sa zone d’influence, grâce notamment à la langue française et à la présence d’entreprises françaises, en contraste avec la Russie, de plus en plus influente dans la région. »