L’opposant mozambicain Venancio Mondlane, qui a mené depuis l’étranger un vaste mouvement de contestation contre la victoire du parti au pouvoir, a annoncé dimanche son retour au Mozambique, prévu pour jeudi 9 janvier, avant l’investiture du nouveau président, Daniel Chapo, le 15 janvier.
« Jeudi 9 janvier à 08h05, je serai à l’aéroport international Mavalane de Maputo », a déclaré Mondlane lors d’une vidéo en direct sur Facebook.
L’opposant de 50 ans avait quitté le pays fin octobre, après l’assassinat de deux de ses proches, dont son avocat, à Maputo. Depuis les élections du 9 octobre, Mondlane a dénoncé des fraudes et contesté sa défaite face au candidat du Frelimo, le parti au pouvoir depuis 1975. Il a lancé un mouvement de contestation massif à travers tout le pays.
Malgré les irrégularités soulignées par de nombreux observateurs, le Conseil constitutionnel a validé fin décembre la victoire de Daniel Chapo avec 65,17 % des voix, contre 24 % pour Mondlane.
Mondlane, qui avait menacé de provoquer « le chaos » et un « nouveau soulèvement populaire d’une ampleur inédite » si le Conseil constitutionnel validait les résultats, a vu deux mois de manifestations, de grèves et de blocages qui ont fait environ 300 morts, principalement des manifestants tués par les forces de sécurité. L’ONU et des ONG ont exprimé leurs préoccupations face à l’escalade de violence, tandis que les autorités ont dénoncé des pillages et des actes de vandalisme.
« S’ils tuent mes frères, si c’est à cause de Venancio, alors Venancio sera là, jeudi à 08h00, à l’aéroport », a insisté l’opposant sur Facebook.
Mondlane, qui reste fermement opposé à tout compromis avec le Frelimo, a laissé entendre qu’il pourrait revenir pour l’investiture de Chapo, 47 ans, afin de « prendre le pouvoir à Maputo ». « Si on doit perdre la vie dans un combat juste, on la perdra », a-t-il déclaré récemment.
Le 27 décembre, Chapo, qui succède à Felipe Nyusi, a appelé à « la non-violence » et à « l’unité » après des affrontements entre manifestants et policiers. Le président sortant a aussi plaidé pour un dialogue entre les différentes parties afin de résoudre la crise.
Les violences ont perturbé gravement l’économie du Mozambique, affectant le commerce transfrontalier et le secteur minier. L’ONU s’est dite « profondément inquiète », et la SADC a exprimé des craintes concernant l’impact de la situation sur la paix et la sécurité dans la région.