Guerre au Soudan : Le gouvernement accuse le Kenya de soutenir un projet de gouvernement parallèle des FSR

Le gouvernement soudanais, soutenu par l’armée, a fermement accusé le Kenya de violer sa souveraineté en accueillant des paramilitaires rivaux qui prévoient de proclamer un gouvernement parallèle dans les zones qu’ils contrôlent au Soudan. Cette accusation a été formulée dans un communiqué du ministère soudanais des Affaires étrangères, dénonçant une ingérence flagrante dans les affaires internes du pays.

Les Forces de soutien rapide (FSR), une milice paramilitaire en guerre contre l’armée régulière soudanaise depuis presque deux ans, ont prévu d’annoncer la formation d’un gouvernement parallèle lors d’une réunion vendredi à Nairobi. Selon des sources proches des FSR, cette rencontre marquerait un tournant stratégique pour la milice, qui cherche à consolider son pouvoir sur les territoires qu’elle contrôle, en particulier le Darfour.

Dans son communiqué, le gouvernement soudanais a exprimé son mécontentement, accusant le Kenya de favoriser le démembrement des Etats africains et d’interférer dans les affaires souveraines du Soudan. Il a affirmé que l’événement était une tentative de légitimer un pouvoir parallèle, ce qui risquerait d’intensifier les tensions régionales déjà exacerbées par près de deux ans de guerre civile.

Depuis avril 2023, la guerre civile a ravagé le pays, opposant l’armée régulière, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, aux FSR, dirigées par le général Mohamed Hamdane Daglo. 

Récemment, l’armée soudanaise a lancé une offensive dans le centre du pays, reprenant plusieurs villes clés, dont une grande partie de Khartoum, la capitale. De leur côté, les FSR ont signé une charte avec des factions politiques alliées dans le but de créer un gouvernement sur les territoires qu’elles contrôlent, renforçant ainsi leur autorité, notamment sur le Darfour.

Les FSR, tout comme l’armée, sont accusées de graves violations des droits humains, incluant des exécutions de masse, des violences sexuelles et des actes de génocide, en particulier dans le Darfour. En janvier, les États-Unis ont qualifié les actions des FSR de génocide et ont sanctionné leur commandant, Mohamed Hamdane Daglo, ainsi que le général Burhane pour crimes de guerre.

Le ministère soudanais des Affaires étrangères a aussi accusé le Kenya de « cautionner les atrocités » des FSR, en leur permettant de s’exprimer sur son territoire. La réunion des FSR, initialement prévue mardi au Centre international de congrès Kenyatta à Nairobi, a été retardée, et le général Daglo, jusqu’alors discret pendant la guerre, est attendu vendredi à l’événement.

Les tensions entre le Soudan et le Kenya pourraient entraîner des conséquences diplomatiques majeures, d’autant plus que les relations régionales sont déjà fragilisées par la guerre civile. Les autorités soudanaises insistent sur la nécessité de mettre fin à cette ingérence étrangère, tandis que les FSR cherchent à renforcer leur légitimité et leur contrôle sur le territoire soudanais.

Ce conflit a causé des dizaines de milliers de morts, déplacé plus de 12 millions de personnes et plongé le pays dans une crise humanitaire dévastatrice. L’armée contrôle l’est et le nord du Soudan, tandis que les FSR dominent l’ouest du pays, y compris la région stratégique du Darfour.