Descendus dans les rues de Nouakchott, les « Haratine » revendiquent la justice et l’abolition des discriminations dans leur pays.
« Nos droits ne seront plus bafoués », scandaient les participants au rassemblement organisé hier mercredi soir pour l’anniversaire du « Manifeste des droits politiques, économiques et sociaux des Haratine ».
D’origine négro-africaine, les « Haratine » ont subi un transfert de civilisation, comme les Antillais ou les noirs Américains. Par conséquent, ils méconnaissent ou connaissent peu leur société d’origine.
Haratine (pluriel de Hartani) veut dire affranchis. En réalité, le mot Haratine, selon une source officielle, est impropre car il y a hier comme aujourd’hui plus d’esclaves que d’affranchis. Il y a approximativement un affranchi pour quatre esclaves.
Dans la société arabe de Mauritanie, il n’y a aucune différence entre un esclave (abd) et un Hartani (affranchi). Le statut demeure le même pour les deux catégories, du fait de l’exploitation économique directe ou indirecte.
Ainsi, l’origine de la personne détermine son statut à vie. Autrement dit, le statut d’esclave est « une photo figée, l’affranchi une perspective, une dynamique, un film à suspens, qui ne prendra fin que lorsqu’il y aura une libération et une émancipation effectives des esclaves ».
En prenant part à la manifestation d’hier, ces Négro-Mauritaniens ont voulu poser la véritable problématique qui ne se situe pas sur un plan économique, mais au niveau du statut réservé aux gens de castes.
De leur point de vue, la disparition des castes permettra une redistribution des rôles dans la société négro-africaine et une meilleure participation des personnes « castées » dans le destin de la nation mauritanienne.
Quoiqu’il en soit, le combat continue pour cette frange de la population mauritanienne, l’esclavagisme demeurant ambiant.