Les Etats membres de l’Union européenne ont adopté hier lundi à Bruxelles un mandat pour l’opération qu’ils ont l’intention de mener en Libye contre les réseaux de passeurs qui font déferler des dizaines de milliers de migrants au sud de l’Italie. Ce mandat est beaucoup plus prudent que ce que les Etats membres envisageaient au départ et décrit une action purement navale qui n’envisage plus la destruction des bateaux utilisés par les trafiquants au départ de la Libye.
L’opération militaire a été baptisée EUNAVFOR MED. Son mandat spécifie qu’elle « devra contribuer à démanteler le modèle économique du trafic, grâce à un effort systématique pour identifier, capturer et disposer des bateaux et/ou des équipements utilisés par les passeurs et les trafiquants ». Ce mandat est moins ambitieux que ce qui était initialement prévu puisqu’il n’est plus question de « détruire » les embarcations, ni de frapper des installations à terre, sur la côte libyenne, comme envisagé dans les premières discussions entre capitales.
Les analystes attribuent la réserve des 28 ministres des Affaires étrangères des Etats membres de l’Union européenne dans l’adoption de ce mandat à au moins deux raisons. La première est que, pour étendre son action aux eaux territoriales libyennes, l’EUNAVFOR MED aura besoin de l’autorisation du Conseil de sécurité des Nations unies. Or, la Russie, qui y dispose d’un droit de véto, est fermement opposée à cette perspective et refuse l’idée même d’une destruction de bateaux civils.
Par ailleurs, les risques d’une escalade dans le pays sont bien réels. L’Union européenne, mais également les voisins de la Libye tout comme les Américains, craignent qu’une attaque contre les passeurs sur le sol libyen ne pousse l’une ou l’autre des factions lourdement armées qui tiennent le pays à répliquer. Cela pourrait entraîner un nouvel engrenage incontrôlable dans la région, aux portes même de l’Union européenne.