Entre fin 2014 et début 2015, pas moins de huit pays africains ont modifié leur législation contre le terrorisme. Mais ces nouvelles lois antiterroristes suscitent de vives réactions de la part des organisations de la société civile qui dénoncent des atteintes inacceptables aux libertés publiques.
Les menaces terroristes sur le continent sont Boko Haram au Nigéria et dans les pays voisins, l’Etat islamique dans le nord de l’Afrique, les Shebab au Kenya et les groupes tels qu’AQMI ou Ansar Eddine qui agissent au Sahel. Tous ces groupes prétendent agir au nom de l’Islam et dissimulent des projets de domination politique derrière des discours théocratiques. Pour contrer ces menaces, l’Egypte, la Tunisie, le Tchad, le Maroc, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, la Libye et le Kenya ont modifié leur législation contre le terrorisme mais les nouvelles inquiètent plus qu’elles ne rassurent. Les critiques les plus fréquentes portent sur l’allongement de la durée de la garde à vue, les atteintes à la liberté de la presse ainsi qu’une définition du terrorisme jugée trop floue qui ouvre la porte à des dérives.
L’Egypte, le Nigéria et la Libye se classent parmi les pays les plus répressifs en matière de lutte contre le terrorisme et sont les trois seuls pays à avoir recours à la peine de mort. En Egypte, des centaines de Frères musulmans, mouvement considéré comme terroriste, sont actuellement dans le couloir de la mort. La durée de la garde à vue est également sujette à débat. Indéterminée pour les présumés terroristes en Egypte, elle est de 90 jours au Nigéria et de 360 jours, soit une année complète, au Kenya.
Le fait est que ces nouvelles lois qui restreignent les libertés publiques et les droits de l’Homme se montent peu efficace dans leur rôle de dissuasion face à des groupes organisés, fanatisés et qui font l’apologie de la mort. Pour les organisations de la société civile, elles ont de fortes chances d’être instrumentalisée pour réprimer l’opposition dans ces pays.