En Algérie, le projet de révision de la Constitution atterrit au parlement jeudi sur fond de guerre sourde entre le cercle proche du président Bouteflika, affaibli par la maladie, et les généraux frustrés par le démembrement du DRS, l’ancien tout puissant service secret algérien.
Principale nouveauté introduite par cette révision de la Constitution, la limitation à deux du nombre de mandats du président de la république. L’actuel chef d’Etat avait procédé lui-même, en 2008, à une précédente modification constitutionnelle qui lui a permis de se maintenir au pouvoir pour un troisième mandat. Une initiative qui avait été vigoureusement contestée par l’ancien patron du DRS, le puissant général Toufik, aussi bien que par l’opposition. Cela n’a pas empêché le président Bouteflika de se faire encore réélire, en 2014, alors qu’il était cloué sur une chaise roulante à cause d’un sévère AVC.
Le projet de révision devrait être adopté dimanche sans débat par les deux chambres du Parlement, dont les membres sont majoritairement acquis au président. Le parti du FLN (Front de Libération Nationale) et celui du RND (Rassemblement National Démocratique) ont apporté leur soutien inconditionnel au projet de modification du texte constitutionnel.
Cet unanimisme est toutefois vigoureusement contesté par l’opposition qui crie à « l’hégémonie » du clan présidentiel. C’est le cas de l’ancien premier ministre Ali Beflis, dirigent du parti Avant-Gardes des Libertés. Pour lui, la révision de la constitution est destinée à « protéger les intérêts » du régime en place.
De son côté, le Front des Forces Socialistes (FFS), estime que « ce projet n’est qu’une continuité du feuilleton de la violence constitutionnelle exercée contre le peuple algérien ».
Sur le plan international, Amnesty International a critiqué le projet de révision de la Constitution, qui prévoit la préservation de la « politique de paix et de réconciliation nationale ». Cette disposition fait référence à la politique du président Bouteflika pour tourner la page de la décennie noire qui avait fait, dans les années 90, quelque 200.000 morts.
Pour l’organisation internationale, l’objectif derrière l’introduction de cette disposition dans le texte constitutionnel est d’empêcher d’établir la vérité sur le sort de milliers de disparus de la guerre civile.