Lors d’une séance publique devant le parlement algérien lundi, le ministre de la Justice Tayeb Louh, a annoncé que depuis 1992, plus de 54.000 terroristes ont été poursuivis ou neutralisés, un pavé dans la marre qui a profondément ébranlé le pouvoir algérien alors même que de nombreux autres groupes extrémistes commettent régulièrement des actions terroristes dans le pays.
Tayeb Louh a ainsi expliqué devant les parlementaires algériens que son ministère avait établi « une base de données centralisée pour les individus poursuivis pour crimes terroristes ». Cette base de données, mise en place en 2014, a répertorié les dossiers depuis 1992, a précisé le ministre algérien.
Ce bilan, loin d’être glorieux, visait notamment à donner une idée des avancées en termes de lutte contre le terrorisme qu’aurait réalisé l’Algérie durant ces 24 dernières années en termes de lutte antiterroriste.
Toutefois, l’annonce du ministre a eu l’effet exactement inverse, puisque les médias algériens mais aussi internationaux ont rapidement fait le lien avec l’insécurité régnante en Algérie. La date marquant le lancement de cette base de données est directement liée à l’éclatement de la guerre civile algérienne en 1992.
La décision des autorités algériennes d’annuler les élections législatives à la suite de la large victoire au 1er tour, fin 1991 du Front Islamique du Salut (FIS), dissous par la suite, s’est rapidement muée en crise politico-sociale.
Une violente guerre civile a par la suite éclaté, faisant plus de 200.000 morts durant ce que le pouvoir algérien a pudiquement baptisé de « décennie noire ». Cette crise se poursuit d’ailleurs toujours, mais avec une moindre intensité, surtout qu’elle a rarement lieu dans les villes.
Les montagnes de Kabylie représentent les fiefs de la rébellion islamiste en Algérie. Et même si depuis 1999, près de 15.000 islamistes ont déposé les armes, un nombre beaucoup plus important de combattants islamistes continuent leur guérilla dans les maquis contre les autorités algériennes.