Le groupe français Orano, spécialiste de l’uranium, a annoncé mercredi que les autorités nigériennes avaient « pris le contrôle opérationnel » de sa filiale minière au Niger. Orano détient 63,4% des actions de la Société des mines de l’Aïr (Somaïr), tandis que l’État nigérien en possède 36,6%.
Depuis le coup d’État militaire en juillet 2023, le régime au pouvoir met l’accent sur la souveraineté, notamment concernant les ressources en uranium du pays. En juin, les autorités ont retiré à Orano le permis d’exploitation du gisement d’Imouraren, l’un des plus grands gisements d’uranium au monde, avec des réserves estimées à 200 000 tonnes.
Orano avait déjà alerté, ces derniers mois, sur les ingérences dans la gestion de la Somaïr, dont elle reste actionnaire majoritaire et opérateur. Le 12 novembre, le conseil d’administration de la société avait validé la suspension des dépenses liées aux activités d’extraction, mais quelques jours plus tard, une délégation gouvernementale a visité les mines pour encourager les travailleurs à poursuivre l’exploitation.
Orano précise que les dépenses de production en cours aggravent la situation financière de la Somaïr. La société déclare que l’application de la décision de suspendre ces dépenses pour privilégier le paiement des salaires et préserver l’intégrité de l’outil industriel a été entravée. Le 3 décembre, lors d’un conseil d’administration, les représentants nigériens ont confirmé leur position en refusant d’exporter la production.
Actuellement, près de 1 150 tonnes de concentré d’uranium, représentant environ la moitié de la production annuelle moyenne du site, sont bloquées. Leur valeur marchande est estimée à 200 millions d’euros, selon Orano, dont 90% du capital est détenu par l’État français.
Cet incident souligne les tensions croissantes entre le Niger et la France, une ancienne puissance coloniale dont le régime militaire s’est éloigné depuis son accession au pouvoir. Le Niger fournit environ 4,7% de l’uranium naturel mondial, loin derrière le Kazakhstan, qui en produit 45,2%, selon des données de l’Euratom de 2021.