Abdulqadir Mumin, un somalien, est probablement l’une des figures les plus influentes de l’État islamique (EI), bien qu’il ne porte pas officiellement le titre de « calife ». L’EI revendique à sa tête Abou Hafs al-Hachemi Qourachi, un pseudonyme dont l’identité réelle reste inconnue et qui suscite des doutes sur son existence.
Il est décrit comme l’homme le plus puissant de l’organisation, contrôlant le réseau international de l’EI. « C’est lui qui coordonne les financements et les volontaires », souligne Tore Hamming, expert du Centre pour l’étude de la radicalisation. Malgré des tentatives américaines pour l’éliminer, Mumin reste en vie et actif, et sa position est d’autant plus forte qu’il fait partie des rares dirigeants de l’EI à avoir survécu à plusieurs attaques ciblées.
La Somalie joue un rôle stratégique pour l’EI, notamment sur le plan financier. Mumin est impliqué dans le financement de diverses opérations en Afrique, notamment en République démocratique du Congo, au Mozambique et en Afrique du Sud. Ces fonds alimentent des groupes affiliés à l’EI, tels que les Forces alliées démocratiques (ADF) en RDC, qui ont renforcé leur engagement jihadiste grâce à son soutien.
Bien que certains chercheurs le considèrent comme le « calife » de l’EI, cette désignation serait une rupture idéologique majeure pour une organisation historiquement centrée au Levant comme l’explique Hans-Jakob Schindler, directeur du Counter-Extremism Project.
Originaire de la région semi-autonome du Puntland, dans le nord-est de la Somalie, Mumin a vécu en Suède avant de s’installer en Grande-Bretagne, où il obtient la nationalité britannique.
L’ascension de Mumin montre cependant un glissement stratégique de l’EI vers l’Afrique, où le groupe est de plus en plus actif. Selon CTC Sentinel, la Somalie a permis à Mumin d’agir avec plus de liberté, loin de l’instabilité du Levant, et son rôle central reflète cette réorientation géopolitique de l’organisation.