L’appel de plusieurs syndicats et partis politiques de l’opposition à observer une journée « ville morte » mardi, a coïncidé avec la grève des fonctionnaires tchadiens qui organisent cette action de protestation pour geler les affaires administratives et économiques du pays en réaction aux récentes décisions gouvernementales imposant un régime de restrictions budgétaires.
Alors que le Tchad reste englué dans une pénible crise économique, le gouvernement a décidé de procéder depuis quelques mois à de sévères coupes budgétaires afin de minimiser les impacts de cette mauvaise conjoncture. Mais ces initiatives passent mal auprès de la population, et plus précisément chez les fonctionnaires de l’Etat.
Cela fait maintenant trois mois que les services publics sont fortement perturbés au Tchad. De nombreuses écoles ont fermé. Les services dans les hôpitaux tournent au ralenti au même titre que dans les tribunaux et les administrations.
Les fonctionnaires réclament, par ailleurs, plusieurs mois d’arriérés de salaires et les syndicats sont vent debout contre les mesures de redressement des finances publiques annoncées par le gouvernement. Ces mesures d’austérité ont été causées par deux principaux facteurs.
Le premier concerne le coût des interventions contre les islamistes nigérians de Boko Haram dans la région du lac Tchad, dans le sud du pays. Une coalition régionale regroupant cinq pays mène en effet depuis plusieurs années des opérations antiterroristes afin de limiter l’avancée du groupe extrémiste dans cette région stratégique.
L’armée du Tchad qui participe fortement au budget de cette coalition militaire, peine désormais à poursuivre dans cette voie au vu de la crise économique qui frappe actuellement le pays.
Le deuxième facteur ayant pénalisé les finances du Tchad est la chute des recettes issues du pétrole. Depuis 2014, les marchés mondiaux ont vu s’effondrer progressivement les prix du baril du pétrole, ce qui a eu pour conséquence de pénaliser les pays exportateurs d’or noir comme le Tchad.